par Alexandre Lemoine
Budapest se prépare à accueillir le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump. Les deux dirigeants évoqueront le règlement du conflit en Ukraine. Le Kremlin indique que la rencontre pourrait avoir lieu «d'ici deux semaines», c'est-à-dire avant le 30 octobre. Le dirigeant américain, évoquant les perspectives de cette rencontre, a souligné qu'il conclut des accords «toute sa vie», et espère donc conclure celui-ci rapidement.
Le Donbass en échange de la paix : titrent les médias occidentaux au sujet de nouvelles conditions du Kremlin à la veille du sommet russo-américain de Budapest. Auparavant, Donald Trump avait refusé de fournir à l'Ukraine des missiles de croisière Tomahawk. Cependant, Volodymyr Zelensky a déclaré à l'issue de sa visite aux États-Unis que la question des armes à longue portée restait à l'ordre du jour. L'Ukraine n'obtiendra pas de Tomahawk, du moins pour le moment, la question est close. Volodymyr Zelensky s'est rendu à Washington, la rencontre avec Donald Trump à la Maison-Blanche a duré environ deux heures. Le résultat peut être résumé par la phrase du président ukrainien : «je suis réaliste». Toutefois, les armes ont été discutées, y compris celles à longue portée. À en juger par le ton, Zelensky s'attendait à d'autres résultats, mais il n'y a pas eu d'échec non plus.
Les États-Unis ont l'intention de faire une deuxième tentative pour contraindre les parties à la paix. Trump propose que chacun se déclare vainqueur et s'arrête à la ligne de contact. À en juger par ce qu'écrivent les médias, Moscou n'est pas satisfait de cette option. Le Kremlin exige que toute la région de Donetsk soit transférée à la Russie en échange de certaines concessions territoriales. Zelensky soutient la formule de Trump, ce qui signifie au fond un gel des hostilités.
Entre-temps, la préparation d'un nouveau sommet russo-américain a commencé à Budapest. Une telle décision constitue un défi pour l'Union européenne sous sa forme actuelle. Viktor Orban, s'il n'est pas un ennemi, est un opposant sérieux de Bruxelles. À cet égard, on peut supposer certaines démarches de la part de l'Europe pour tenter de mettre des bâtons dans les roues, modifier d'une manière ou d'une autre le format de la rencontre, voire la faire échouer complètement. Quelles pourraient être ces tentatives ? Les plus diverses, allant jusqu'à refuser un corridor aérien à l'avion de Poutine. L'essentiel ne réside pas là, mais dans le fait qu'à ce jour, il n'existe aucune possibilité de compromis.
La rencontre à Budapest est un coup politique pour l'Europe. Les Européens tentent déjà de s'ingérer dans le processus. Selon Bloomberg, l'UE pourrait envoyer à Budapest le président finlandais Alexander Stubb, car il dispose d'un canal de communication avec Trump. Il avait déjà participé à des contacts avec la Maison-Blanche après le sommet d'août entre Moscou et Washington.
L'Europe dispose effectivement de nombreuses options pour interférer. La possibilité d'organiser des provocations reste à l'ordre du jour. Il ne faut pas non plus exclure des tentatives d'influencer Trump avant le début du sommet.
Il est peu probable que l'Europe ait l'intention de se rendre et de laisser les contacts entre la Russie et les États-Unis suivre leur cours.
L'objectif de la Russie est clair : «recruter» l'actuel locataire de la Maison-Blanche, le rallier à son camp, notamment par des offres généreuses comme un pont sur le détroit de Béring. Trump a apprécié l'idée. Selon les mêmes médias, Washington ne s'oppose pas en principe à un échange de territoires. Cependant, Zelensky a déjà déclaré à plusieurs reprises qu'une telle option ne lui convenait pas.
Ce ne sont que des hypothèses, en réalité Trump et Zelensky sont favorables au gel des hostilités. La Russie, du moins officiellement, n'a pas exprimé sa position.
Le sommet de Budapest sera non seulement une mise à l'épreuve pour les relations entre Moscou et Washington, mais aussi un véritable défi pour l'Europe. Les dirigeants de l'UE devront décider en coulisses ce qui est le plus important pour eux : une ligne unie sur l'Ukraine ou une chance de réduire les risques d'une grande guerre. Quant à ce dont conviendront les participants directs aux négociations dans la capitale hongroise, il sera assez rapidement évident si Budapest a été ou non un pas vers la fin du conflit.
Maintenant, l'objectif principal est que le sommet de Budapest ait lieu et que des décisions concrètes y soient prises.
source : Observateur Continental